UNE CONCEPTION SERIELLE ET RYTHMIQUE DE LA PEINTURE.
Dans une ligne purement abstraite, l'inspiration d'Hélène Courset se situe autour de l’architecture, du rythme et de la sensation visuelle, dans un esprit minimaliste où la répétition du geste approche l’écriture et le graphisme.
La verticalité et l'horizontalité sont les structures essentielles et dominantes de ses œuvres, à la recherche d'équilibres ou de déséquilibres.
Les tracés rythment l'espace et affirment le geste premier du dessinateur, celui de la droite ou de la courbe.
Les séries sont traitées par aplats ou par transparences, travaillées à l’alkyde ou à l’acrylique et tentent d’approcher une certaine idée de rythme organisé.
Il est question d’un travail « sériatif » dans lequel le support occupe toute son importance et influe sur le type des tracés : le plexiglas, la toile libre montée en kakémono ou sur châssis, le papier ou le carton toilé, sont autant de reliefs aux qualités diverses qui apportent des éléments de réponse à ses questionnements plastiques et picturaux.
"Se projeter dans des espaces, des toiles en noir et blanc ou en couleur, décliner des rythmes abstraits en territoire neutre, provoquer une parenthèse émotionnelle et visuelle, sans discours particulier, sans histoire narrative, tel est mon propos.
Le sujet, c'est la peinture. Des espaces de respiration, une déconnection au monde qui nous entoure. Rythmer le geste, découvrir la pulsation du temps dans l’acte de peindre, inscrire un dilemme entre ordre et désordre, équilibre ou déséquilibre.
Mes propositions oscillent entre la ligne, le tracé et le rythme, se rapprochant du dessin par le trait, et font émerger des abstractions souvent construites, des empilements évoquant l’architecture, des lignes spontanées mais toujours ordonnées par une trame préalablement pensée.
Je travaille dans un esprit minimaliste et organisé pour ne retenir que l'essentiel et ne pas encombrer de choses inutiles, l’intention première. La sensation visuelle tient une place prépondérante ainsi que la spontanéité du
rythme et du geste….
Ce geste, vertical ou horizontal, parfois ondulé mais toujours répété, évoque l’écriture. La main danse et exerce une chorégraphie sur le support.
Peu de dessins préparatoires, uniquement une visualisation et un protocole choisi en amont, dans le processus de mes peintures.
Les formats sont variés, souvent carrés. L’utilisation de toiles tendues en kakémonos (souvenirs de voyages au Japon) permettent également l’exposition de très grands formats. L’alternance du petit et du grand, autant de possibles sensations différentes."
Hélène Courset.
"Trace et Inscription."
Hélène Courset témoigne à travers ses oeuvres d'une réalité enfouie, qui ne peut se dire, mais qui se prononce néanmoins silencieusement, grâce à des écritures résolument abstraites. Elle ne fuit pas la représentation. Au contraire, elle l’affronte dans la crudité de la sensation, jusqu’à l’épure, l’alternance minimale du noir et du blanc, du plein et du vide, du trait et du plan vierge.
Ainsi, elle s’abandonne à une rythmique gestuelle qui s’impose d’elle-même, en fonction du support (toile, bois et papier), qui recevra la trace de la pulsation du temps.
A cause de la contrainte du cadre à l’intérieur duquel va se répéter le geste, grâce à l’outil par lequel la main et tout le corps vont trouver leur prolongement efficient, l’œuvre va s’imposer inlassable et obstinée, étrangement répétitive, mais néanmoins singulière, parce qu’elle est l’inscription d’un dilemme entre ordre et désordre.
Hélène COURSET se situe en un lieu indécidable. Ni l’intime de la psyché, ni le territoire du corps, ni l’espace du mouvement, ni le souffle du vent ou de l’expire ne suffisent séparément à caractériser son propos, mais c’est la rencontre de tout cela qui fait la matière de son travail. L’aléatoire de l’acte de peindre décide du stable ou de l’instable, du fluide ou du rigide, de l’immobile ou du mouvant, mais cette impossibilité d’anticiper sur ce qui va advenir résulte de l’obstination du geste lui-même. Et s’il y a enfermement, étouffement, asphyxie, il faut y consentir… Les structures s’organisent ou se désorganisent, se construisent ou se déconstruisent dans l’anarchie d’un désir insistant et le chaos peut même trouver sa place, au creux même du plus parfait ordonnancement des formes.
La prolifération des empilements, des imbrications, des sériations devient une nécessité. En acte et à ce moment-ci de sa démarche, Hélène COURSET se risque à une écriture indéchiffrable parce que l’acte de créer, c’est tenter une inscription dans l’ordre du temps et le désordre du sensible.
Pascale LEBETTRE.
Critique d’art et philosophe.
« Hélène Courset jongle avec les lignes. Les lignes deviennent volumes. Les volumes deviennent plans.
Les noirs hésitent, bégaient, se tordent, se grisent et se figent. Finalement, les dessins d'Hélène Courset sont des équations mathématiques dont il n’existe aucune solution."
Une course à la courbe...où la couleur se cherche... .et se trouve parfois. »
Thierry INTERNICOLA.